Calembredaines

    Jeudi vingt-huit décembre deux mille six. Treize heures trente-deux. Excès alimentaires. Famille. Insomnies, lectures. Il doit faire froid, mais je ne m'en rends pas trop compte, puisque je ne sors plus beaucoup. Moins de raisons d'aller sur Paris. Un peu de culpabilité pour les choses que je n'ai pas faites avant les vacances, mais c'est comme tout, ça finira par passer. Les doigts de pied en éventail, un peu d'angoisse au ventre, les vacances battent leur plein.

    Un détour par le cinéma, j'ai pu voir "Eragon", un mauvais film d'heroic fantasy visant un jeune public. Mais je suis partial. Hier, vu "The fountain", très joli, avec une histoire déprimante et somme toute assez objective sur la vie. Je m'attendais à un truc plus orienté SF, mais le produit final était sympa malgré tout.

    Niveau lectures, j'ai réglé son compte à "Starship troopers", de Robert Heinlein, toujours pas fixé sur les idées du bonhomme. Ca fleure bon le fascisme, mais bon. C'est un roman d'aventures. Et comme je suis somme toute assez insensible à la politique, ça ne me gêne pas plus que ça. Le livre est un peu encombré par tout un tas de réflexions sur l'économie, la vie publique et le meilleur système possible pour gérer tout ça. Le film de Verhoeven est un calque habile, qui souligne le second degré tout en reconfigurant les personnages secondaires. La société idéale présentée dans le film est moins machiste que dans le bouquin, écrit en mille neuf cent soixante-et-un.

    Deuxième nuit passée à lire "Byzantium endures" de Moorcock. Roman assez réaliste, histoire parallèle du vingtième siècle. Egalement en chantier, plus pratique pour tenir dans la poche, "La belle de Fontenay" de Jean-Bernard Pouy, une histoire de crime et de patates. Reçu ce matin par la poste, "Garden of Rama", deuxième suite de "Rendezvous with Rama", le roman d'Arthur C Clarke lu il y a quelques semaines. J'attends encore la première et la troisième suite, et je pourrai finir le cycle.

    J'essaie de réduire et éliminer le stock des livres empruntés aux amis, à la famille, et de liquider mon propre stock avant de le renouveler abondamment. Ca va me prendre quelques années. Ca tombe bien, j'en ai encore sans doute sous le coude. D'après les statistiques, encore cinquante à soixante. Si je m'en tiens à des observations purement généalogiques, je pourrais être amené à mourir entre quatre-vingts et quatre-vingt-cinq ans. En bonne santé de préférence.

    Elément marquant de ces trois derniers jours, un ami de lycée croisé par hasard dans les transports en commun. Rencard dans un troquet, nous avons pu échanger des informations sur nos biographies respectives tout en faisant semblant de n'avoir pas changé malgré le poids des ans. C'aurait pu en être déprimant, mais le contact était plutôt bon. Moins sincère qu'autrefois, mais les rapports sociaux entre adultes servent avant tout à se donner bonne conscience.

    Calme plat dans la galaxie. Ramethep est de passage à Paris ce soir, Tonga devrait débarquer demain. A part ça, les autres amis sont presqu'absents. Encore une affaire de saison. Plus qu'une semaine de repas excessifs, pour faire plaisir à la famille, et je pourrai reprendre mon régime ascétique d'étudiant tardif. Si mon moral et la température se retrouvent au zinc pour descendre des canons, j'irai peut-être même faire un tour à vélo un de ces jours. Si j'arrive à me motiver pour regonfler les pneus, qui ont bien dû s'affaisser depuis le temps, les fourbes.

 Programme de la journée: sortir le bout de mon nez, aller voir des gens qui m'attendent au cœur de l'hiver, ou tout du moins à sa périphérie. Si les choses se passent bien, rester longtemps en leur compagnie. Si les choses se passent comme prévu, repartir au bout d'une ou deux heures. Me réfugier dans un cinéma, ou passer boire un coup chez Ramethep. Si je ne trouve rien de mieux en soirée, rentrer au bercail, lire un peu, dormir trop, me lamenter sur mon sort et me remettre au chinois dès que j'aurai passé l'aspirateur.