Emission nocturne

Publié le par Paraph


    Mardi dix-neuf décembre deux mille six. Vingt-deux heures vingt-neuf. Deux nouvelles nuits blanches. Deux nouvelles journées plus ou moins passées à dormir. La tendance ne semble pas près de s'inverser, et tout laisse à penser qu'à l'occasion du solstice, je passerai les nuits les plus longues de l'année éveillé de bout en bout, à me retourner sur ma couche, à marcher dans les rues ou à lire. Travailler, peut-être.

    Hier, lundi dix-huit décembre deux mille six, j'ai, une fois de plus, manqué mon départ dans la vie. Endormi la veille, c'est-à-dire le matin même, aux environs de sept heures, j'ai émergé vers treize heures pour foutre ma journée en l'air. Squat chez Edriwing, parties de jeux de plateau jusqu'à deux heures du matin. Le Sultan, revenu sur sa décision de ne plus vivre pour les autres, était de la partie. Vers deux heures et demie, nous sommes sortis dans le froid, attendre son train en marchant.

    Trois heures à déambuler dans les rues rafraîchies de la capitale, à contempler monuments, ministères, avenues dégagées, statues de surhommes en collants dressées sur les piédestals affrétés par la république. Discussion animée. Froid pernicieux. Son train était vers six heures du matin. Nous avons essentiellement longé les grands boulevards, gare du nord, République, Opéra, Madeleine, Concorde, Tour Eiffel, Invalides, Montparnasse et retour vers le Port Royal, où nous avons profité de l'ouverture du réseau express régional pour patienter en un endroit moins froid.

    Une demi-heure plus tard, essentiellement frigorifié, je suis rentré par la sente étroite qui me mène vers demain. Englouti dans le gouffre du sommeil, vers six ou sept heures du matin. Vers quatorze heures, j'émerge. Au menu, au choix, cours de nahuatl, cours d'estonien, ou séance de cinéma. Je suis parti me recoucher. Vers dix-huit heures trente, j'émerge pour rejoindre Lola, pas vue depuis deux ans et son départ pour l'Ouzbekistan, dans un restaurant tamoul où j'ai mes habitudes. Soirée agréable. Retour à l'instant.

    Programme de la soirée: ne pas dormir. J'ai des choses à régler pendant les douze heures de la nuit. Attendre le matin, un livre à la main. "Darker than you think" tient toutes ses promesses, et devrait s'être trouvé un successeur avant que le coq n'ait sifflé trois fois.

 

Publié dans schopenhauer

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article