Love like blood

Publié le par Paraph


    Dimanche vingt-six novembre deux mille six. Vingt-trois heures vingt-deux. Encore un week-end placé sous le signe du vide. Gloire à Satan. Deux jours à ne rien faire, gâcher mon temps, perdre ma vie. Un peu comme d'habitude. L'année commence sous de bons auspices.

    Hier, samedi vingt-cinq novembre, je n'ai rien fait de ce que j'avais prévu. Après une grasse matinée nécessairement excessive, j'ai passé le plus clair de mon temps au lit, à lire le dernier Philip Roth, qui est bien, comme la plupart de ses romans. Je ne suis pas allé au salon du vin, je n'ai pas profité de ma flemme pour aller voir mes grands-parents, bref, je suis resté mou, comme cela m'arrive parfois. Sans doute l'effet caoutchouc, à force de tirer dessus, ça devient mou.

    Vers dix-sept heures, visite inopinée de Vertige, qui m'a emprunté quelques bouquins. Nous sommes allés ensemble chez Ramethep, pour un naufrage de plus, à boire du whiskey, regarder des dessins animés, ou des films de gladiateurs au clair de lune. Au programme de la nuit, épisodes des Simpsons et film italien post-apolcalyptique des années quatre-vingts. J'ai dormi sur le plancher, bonjour les courbatures.

    Ce matin, levé vers dix heures, j'ai pris le chemin du domicile parental. Déjeuner en famille, entre deux fournées de cookies présidées par ma sœur. Dans l'après-midi, la partie de jeu de rôles initialement prévue a tourné court, le désistement de cinquante pour cent des effectifs rendant impossible la tenue de l'événement. Au lieu de quoi, nous avons joué aux cartes. A un quart d'heure près, je suis passé de la première à la dernière place. Je l'ai bien méritée.

    Programme de la soirée: surmonter mes nausées. Poursuivre mes lectures. En chantier, "How much for just the planet?", de John M. Ford, récemment décédé. Je l'ai trouvé pour une bouchée de pain. C'est un roman parodique, publié en mille neuf cent quatre-vingt-sept, et dont l'action se déroule dans l'univers de Star Trek, avec les personnages de la première série. Le début est hilarant, et la nuit risque d'amener une clôture à ma lecture.

    Programme de demain: me lever tard. Malgré la fatigue, le thé devrait me tenir éveillé une bonne partie de la nuit. Dans la matinée, dormir ou flemmarder. A midi, prendre une soupe. L'après-midi, si l'envie m'en prend, aller travailler. Il me reste trois demi-journées à effectuer d'ici jeudi, après quoi je serai libre. Encore des tonnes d'inscriptions pédagogiques à finaliser. Je n'en sortirai jamais. Et je dois penser à envoyer mes papiers justificatifs au service d'inscription aux concours, avant vendredi. Et penser à m'inscrire à la sécurité sociale. Et rédiger mon mémoire de maîtrise. Et ne pas dépenser tout mon argent en livres; ça doit être maladif.

    L'été prochain, si j'ai un sou en poche, j'essaierai d'aller en Estonie, pratiquer mon estonien; ça semble encore le meilleur endroit pour ça. J'ai d'ailleurs cours demain soir, il faut que j'y aille. Me fasse un peu violence, car la fac est loin, l'hiver, ou l'automne, m'incite à dormir, et la nuit perpétuelle qui demeure en mon âme m'invite à ne rien faire. Dormir, rêver peut-être, comme disait machin. Un partiel de lituanien à ignorer, demain. Continuer mon mea culpa mental envers les amis silencieux, poursuivre mon décompte mental. Dans dix mois, et une poignée de jours, je commencerai ma nouvelle vie. Pas nécessairement pressé, mais il va être grand temps d'en finir. Parfois, mon immobilisme, ma stagnation de ces douze dernières années me pèsent quelque peu. Si je m'écoutais, je serais riche, volontaire et arrogant.

 

Publié dans schopenhauer

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