The return of darkness and evil

Publié le par Paraph


    Mercredi sept juin deux mille six. Ving-deux heures douze. Je rentre à l'instant de deux jours en cavale, au hasard des rencontres. Hier, passage à la fac, déjeuner avec le Loup, avant d'entamer une longue errance dans les couloirs. Consommation de thés au citron dans la cour, séance de bronzage inopiné. J'ai pu protéger mon faciès d'homme-singe au grand cœur, mais mes bras ont morflé. Deux coups de soleil, un sur chaque bras, pas de jaloux. J'aime beaucoup le soleil, mais à chacun son épiderme. Le mien aime rosir, rougir, cramer, peler. Le cycle appelle le cycle. Laissons la nature faire son œuvre.

    Soirée d'hier chez le Chat. Junk food, dégustation de DVD, vautré sur un zèbre encastré dans le parquet. Très pratique, le parquet. Je glisse dessus comme sur une patinoire. Deux films. "The weatherman", une comédie dépressive avec Nicolas Cage. "Night watch", un sur-Matrix russe en trois parties. Deux bons fiilms, j'ai passé un bon moment. Je suis resté dormir sur place.

    Ce matin, réveil tardif vers neuf heures, après grasse matinée, merci les stores. Je ne ferme jamais les volets chez moi. Au hasard dans les rayonnages du Chat, je tombe sur le dernier roman de Vincent Ravalec, "La vie miraculeuse d'André le clochard" (ou un titre approchant). Lu d'une traite, ce deuxième volet d'un cycle entamé avec "L'effacement progressif des consignes de sécurité" est plutôt réussi, quoiqu'apparemment bâclé, en tout cas par l'éditeur (Flammarion) qui a laissé passer plein de coquilles, drôle. Cocasse. Je me suis bien marré. Dans la foulée, j'ai commencé "La tyrannie de la réalité", un essai de Mona Chollet. Intéressant. Moi aussi, j'aime bien Gaston Bachelard.

    Passage à la fac. Copie carbone du scénario de la veille, thés, conversations, coups de soleil. J'ai réussi à résister à la tentation de passer un examen de civilisation du Bengale que je n'avais pas du tout préparé, je me suis fait inviter à un barbecue indien, un restaurant chinois et un pique-nique en intérieur. Les dates restent à confirmer, et risquent de se téléscoper. Retour à l'instant. J'ai raté tous les matches de tennis de ces derniers jours, j'ignore qui a gagné (mais je sais que Martina Hingis a perdu). Je raterai également les matches demain et après-demain, concours et examens obligent.

    Plus que vingt-neuf jours avant les oraux de mon CAPES d'anglais. Je révise comme je peux. Demain et après-demain, concours, perdu d'avance, de conservateur des bibliothèques. Un petit caillou dans la grande mare de l'existence, une expérience édifiante pour préparer le concours de l'an prochain, s'il a lieu et si j'en éprouve l'envie. Dans ma logique actuelle, faire feu de tout bois, passer des concours, décrocher la timbale. Je viens par ailleurs de recevoir une réponse positive de la fac concernant ma demande d'embauche temporaire à l'automne prochain. Bingo. De l'argent dans les caisses, de quoi survivre et voyager. Résultat, pas de job cet été, finalement. Je pourrai donc sereinement passer mes oraux, puis consacrer le reste du temps à rédiger mon mémoire. Plus une semaine de vacances dans les Vosges avec les parents si j'ai suffisamment avancé.

    Programme de la soirée: réviser une dernière fois la méthodologie de la note de synthèse. Ca n'a pas l'air bien compliqué. Savoir si je réussirai reste une autre paire de manches. Pour tromper l'insomnie que je sens se profiler à l'horizon, la lecture s'impose. Lecture des ultimes pages de "L'Indochine dans la littérature française des années vingt à 1954", tout d'abord, puis entame d'un autre ouvrage, à déterminer. J'en ai plein ma besace, il n'y a qu'à se baisser pour les ramasser. Les livres commencent d'ailleurs à s'empiler dangereusement dans mon réduit. Il serait bon que je fisse baisser l'ensemble avant d'être enseveli sous les bibles.

    Programme de demain: me lever vachement plus tôt que prévu, grâce à une grève surprise des transports en commun, que j'apprends à l'instant. Comme je dois être à neuf heures à la Défense, et que le trajet prend, en temps normal, une heure environ, je devrai sans doute multiplier le tout par deux, voire deux et demi. Partir avant sept heures, me lever donc vers six heures au plus tard. Moi qui ne suis pas très matinal, me voilà servi. Le tout pour risquer d'arriver finalement à la Défense avec deux heures d'avance, me geler les miches dans le vent  matinal, pester contre le manque de sommeil, me déconcentrer en essayant de rester vivant. Penser à prendre de solides chaussures (facile, je n'en ai qu'une paire), une ample réserve de trucs à lire, et à m'armer de patience.

    Au programme du concours de demain, si je parviens à me rendre sur place, trois heures de traduction (j'ai choisi l'option anglais, logique vu mon parcours, mais également le choix probable de la plupart des candidats), puis quatre heures de note de synthèse. Rebelotte le lendemain matin, avec six heures de dissertation. Pour une raison mystérieuse, j'ai choisi l'option "sciences humaines et sociales" pour ces deux dernières épreuves, ma spécialité étant plutôt, à la base, les langues étrangères et les lettres. Mais l'option "arts et lettres" comportait le risque de me retrouver confronté à un sujet d'histoire de l'art. Je ne connais rien à l'histoire de l'art, alors qu'en philo, socio et plus si affinités, je me suis pas mal documenté au fil des années passées à bosser sur l'Asie. Bref. On verra bien. De toute façon, avec moins d'un pour cent de réussite au concours, autant s'amuser à passer au travers du chas d'une aiguille.

    Dans la rubrique "je suis une burne", deux errata à signaler et à porter au crédit de ma naïveté. Il y a quelques jours, je parlais d'un roman intitulé "Le merle", dû à un certain Arthur Keelt, et qui m'avait beaucoup plu. Il semblerait, selon des sources plus ou moins bien informées, que ce roman ne soit pas dû à l'auteur en question, qui de fait n'existerait que dans les romans de son prétendu traducteur. Je ne révèle pas l'identité de l'auteur véritable ici, histoire que d'autres tombent à leur tour dans la supercherie, et que je puisse me gausser de leur crédulité. Ah ah. Vous avez donné dans le panneau. Ce genre de bévue ne m'arriverait pas. Hum. Cultiver la mauvaise foi permet de briller en société. Avec du cirage, même pas la peine de se fatiguer à ouvrir son clapet. Hmm.

    Deuxième erratum: l'autre jour, je suis allé au cinéma, j'ai payé ma place (licence poétique) pour "On ne devrait même pas exister", film minimaliste racontant l'histoire d'une famille de maroquiniers chinois vivant dans un trois mètres-carré filmé sous angle mort. Eh bien, je m'étais tout simplement trompé de salle. Le film que j'ai vu (sauf les cinq premières minutes, car j'avais, eh oui, raté le début du film, indice qui eût dû me mettre la puce à l'oreille, mais non) était en réalité "Oxhide", et contait effectivement l'histoire de ces Chinois qui fabriquent et vendent des sacs. Du coup, je n'ai aucune idée de ce dont cause l'autre film, que j'irai sans doute voir quand j'aurai le temps, d'ici un ou deux ans donc, s'il est encore à l'affiche d'ici là. J'ai comme un doute, mais bon. Je passe bien un concours impossible demain matin, alors autant persévérer dans l'erreur. Demonicum, comme disait l'autre.

 

   

Publié dans schopenhauer

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